Édition du jeudi 13 novembre 2003
Un an après son naufrage, le Prestige pollue toujours et les communes s'inquiètent des coûts engendrés
Un an après l'avarie du pétrolier Prestige, la pollution continue d'arriver en Aquitaine, diffuse et insidieuse, au gré des vents, des courants et des marées, alors que les derniers chantiers de nettoyage se terminent.
Il suffit de marcher au hasard des grandes plages océanes pour trouver, éparpillées dans le sable, les petites boulettes noires et gluantes qui collent aux pieds, se mêlent aux algues et salissent les rochers.
Quelque 15 000 tonnes de déchets souillés ont été ramassées sur le littoral aquitain depuis janvier, l'équivalent de 60 000 journées de travail, selon les services de la zone de défense Sud-Ouest. Un total de 51 400 tonnes de fioul émulsionné ont été récupérées en mer, au large de l'Espagne et de la France, selon la préfecture maritime de Brest.
"Notre commune a stoppé le nettoyage le 1er octobre, mais le pétrole reste quelque part dans le Golfe de Gascogne ; on ne sait pas ce qu'il en est du bateau et, dès qu'il y aura des vents d'ouest, on va voir revenir les boulettes", s'inquiète Michel Bibey, maire de Montalivet (Gironde) .
Après avoir souillé les côtes espagnoles, portugaises et françaises, le fioul a dérivé jusque sur les côtes écossaises, belges et hollandaises, selon l'association CEDRE qui assure le suivi environnemental de la dépollution. La garde côtière britannique en a même trouvé dans les eaux de la Tamise et les experts s'attendent à ce que la Norvège soit touchée à son tour par la pollution la plus étendue de l'histoire européenne.
En Aquitaine, les premières boulettes sont apparues le 31 décembre 2002, avec des pics d'arrivage au premier trimestre et un regain en juillet, au beau milieu de la saison touristique.
La Bretagne, puis la Manche, ont également été touchées.
"Au début, le plus difficile a été de trouver des dispositifs adaptés à la pollution fragmentée qui s'éparpillait sur des kilomètres de sable", se souvient Jean-Pierre Vanbaelinghem, le patron de la société Le Floch qui finit actuellement de "fignoler" quelques ultimes chantiers de dépollution sur les rochers de la côte basque.
Face à l'étendue de la tâche, le ramassage manuel, les seaux et les pelles ont très vite été abandonnés pour un nettoyage mécanique, tandis que les chalutiers s'équipaient de filets appropriés pour pêcher les boulettes.
Une fois le pire passé, la grande question reste la réparation financière des dommages, dont le montant global risque de dépasser ceux de la catastrophe de l'Exxon Valdez, en Alaska en 1989, évalués à 7,5 milliards de dollars. "On sait que le processus d'indemnisation sera très long", souligne Marc Druard, le président des ostréiculteurs d'Arcachon.
Seul effet positif de la pollution, les communes du littoral aquitain se sont dotées de cribleuses qui leur permettent désormais d'offrir des plages vierges de tout déchet.
Les engins se sont affairés tout l'été sur la côte investie par les vacanciers. Et malgré les craintes des professionnels du tourisme, l'effet "Prestige" a finalement peu joué sur la fréquentation estivale, en Aquitaine comme en Bretagne, du fait de la canicule.
L'image de l'été 2003, utilisée par la Surfrider Foundation pour une campagne de dénonciation de la pollution, restera cependant celle des estivants revenant de la plage les pieds tâchés de fioul.c=http://www.je
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